Techno-animiste

Binaire ou pas, l’informatique est parfois mystérieuse

Quelle relation « réelle » entre vous et vos machines ?

Au fond, tout au long de ma carrière, ce qui me touche le plus c’est ce que l’informatique fait subir aux être-humains et au reste du monde. Toujours plus, toujours plus vite sans pouvoir mesurer les enjeux, les conséquences ou l’ampleur de l’ignorance.

Être techno-animiste c’est la continuité de croyances animistes à notre époque ; l’ère numérique (ou digitale si vous y tenez). Tout au long de ma carrière d’informaticien indépendant, j’ai côtoyé des utilisateurs et des utilisatrices de toutes sortes en constatant, certes empiriquement, qu’il y avait des technophiles, des technophobes et des insensibles face à l’utilisation ou l’exposition aux technologies de l’information et des communications.

Les technophiles semblent avoir peu de difficulté pour s’adapter aux outils numériques sans craindre d’approfondir leurs connaissances au travers de recherches, d’expériences personnelles et de prises de risques. Souvent leur(s) machine(s) leur rendent bien l’appareil et la relation exploitant / exploité semble équilibrée. En quelques sortes, ce sont des personnes qui améliorent continuellement la relation qu’ils ou elles entretiennent avec leurs outils numériques.

De plus, ils ou elles ont tendance à utiliser, sans trop porter de regard critique, la plus part des trucs à la mode, dernier cri, ou utilisés par « tout le monde » comme ils ou elles diront souvent.

Les technophobes quand à eux ou elles, éprouvent beaucoup de difficulté à se sentir « à l’aise » face à un appareil informatique. Qui plus est, la peur de mal faire, de se tromper ou de « casser » leurs appareils se reflète dans une expérience souvent pénible au quotidien. C’est avec les technophobes que des « trucs bizarres » se passent. Que ce soit des logiciels qui plantent, des mots de passes dont ils ou elles ne parviennent pour ainsi dire jamais à retenir ou retrouver, parfois jusqu’à des pannes matérielles inattendues comme des alimentations qui cassent, des disques de sauvegardes qui se perdent, jusqu’à des services dont ils ou elles ont besoin à un moment « t » et qui, comme par hasard, ne fonctionnent pas « juste quand il ne faut pas ». C’est avec ces personnes que j’ai le plus souvent entendu des phrases du genre « Mais ! Quand vous êtes là ça fonctionne alors que je viens d’essayer et je vous jure, ça ne fonctionnait pas ! ».

Ce sont des personnes qui éprouvent une sorte de méfiance envers ces technologies et, pour ainsi dire, c’est dans leur nature de ne pas apprécier toutes sortes de nouveautés, qu’elles soient en ligne ou non et il leur est difficile de changer d’appareil ou environnement.

Les indifférent·e·s font juste ce qu’il faut de ce qu’ils ou elles ont appris quelques usages, sans éprouver ni jubilation ni crainte. Du moins il ne m’en est rien apparus lors de nos rares échanges. Ils ou elles semblent avoir pris le plis de suivre le marché et ses techniques sans broncher, acceptant les mises jours imposées, remplaçant régulièrement ce qui « doit l’être » et ne s’intéressent pas à l’idée d’en vouloir plus. Un appareil est devenu lent, il faut le remplacer.

En plus de ces quelques catégories succinctement décrites, il existe également les néo-luddites qui préféraient voir disparaître les machines du paysage.